La résilience est un terme utilisé pour parler des matériaux et de leurs résistance aux chocs. Nous avons ici décidé d’appliquer ce terme aux femmes africaines et à leurs capacité de lutter contre les chocs et de se relever après ceux-ci. En effet, les femmes africaines sont trop souvent dépeintes comme des marionnettes du destin, comme les premières des victimes impuissantes de la fatalité et des crises à répétition qui secouent le continent . Nous voulions ici sortir de cette image misérabiliste, très vendeuse, afin de montrer à travers des exemples concrets que la femme africaine, d’hier et d’aujourd’hui, ne s’est jamais laissée enfermer dans une situation de victime perpétuelle, a toujours lutté pour sa survie et ses droits et s’est toujours remise des chocs à répétition dont elle a pu faire l’expérience.


Pokous d'aujourd'hui : Leymah Gbowee

LEYMAH GBOWEE



Tu as sûrement déjà entendu parler de Lysistrata, non ? Jamais ? dans ce cas mon ami.e je ne saurais que trop te conseiller d’aller faire un tour sur wikipédia (ou sur une quelconque autre encyclopédie de meilleure qualité) tout de suite,  maintenant, pronto, fissa ! Bon je te fait un bref résumé : Lysistrata est une comédie antique d’Aristophane  qui traite du pouvoir du sexe, en effet,  Lysistrata est une athénienne qui réussit  à convaincre les femmes de faire la grève du sexe afin que  que leurs maris cessent les combats et mettent ainsi fin  à  la guerre entre Sparte et Athènes.  «  Quel est le rapport avec Leymah Gbowee ? »  tu es sûrement entrain de te demander,   et bien je vais te le dire : la première fois que j’ai entendu parler de cette femme remarquable c’était dans le supplément du courrier international sur l’Afrique du mois dernier ( un numéro très intéressant, va vite te le procurer , il est peut-être encore en kiosque ou disponible sur le site internet du courrier international ). 

Dans ce numéro, apparaît un petit portrait de Leymah où  il est précisé qu’elle a réussi à réunir une armée de femmes, qui ont menacé de faire une grève du sexe si les principaux  belligérants de la guerre ne parvenaient  pas à un accord de paix dans son pays le Liberia,  et tu sais quoi ? ça a marché !  Cette petite anecdote intéressante m’a donc donné envie d’en savoir plus sur notre chère Leymah, et ni une ni deux, me voilà en train de lire tous les articles que je trouve à son sujet sur internet. J’étais déjà impressionnée par le personnage sans rien avoir lu sur elle  mais après en avoir appris plus, j’ai décidé de lui faire l’honneur de la faire entrer dans mon Panthéon Personnel. Et voilà pourquoi : Leymah est née le 1er février 1972 , elle grandi au Libéria et elle était très jeune lorsque Charles Taylor a pris le pouvoir et a commencé une guerre qui durera 14 ans. Elle a fait l’expérience et a été témoin des horreurs de la guerre en tant que jeune femme et jeune mère. A la fin des années 1990 elle a exerc é en tant que travailleuse sociale au Libéria mais elle a dû  s’exiler au Ghana au début des années 2000. Au Ghana elle a entrepris des études et a obtenu un diplôme universitaire  en Sciences de la santé. En parallèle  de ses études, elle s’est impliquée dans des mouvements pacifistes et en 2002 elle était déjà un membre proéminent du réseau de  femmes  pour la  consolidation de la paix (WIPNET) et du  Réseau Ouest Africain pour la consolidation de la paix (WANEP). Leymah a pris part à l’organisation  d’un mouvement pacifiste qui a contribué à mettre fin à la guerre au Liberia en 2003. Comme je l’ai fait remarqué au début de cet article, Leymah est célèbre  pour avoir mené une "grève du sexe", en exhortant  les femmes libériennes , de toutes origines et de toutes confessions, à  refuser les relations sexuelles jusqu'à ce que la guerre ait cessé. Elle a  fondé le  « Women of Liberia Mass Action for Peace » une coalition de chrétiennes et de musulmanes inédite dans le pays. Ces  « guerrières de la paix », vêtues de blanc, ont  réussi  à forcer le président d’alors, Charles Taylor à les  inclure dans les négociations de paix.


Les réformes qui suivit  ont conduit à  l'élection de la présidente Ellen Johnson Sirleaf du Libéria en 2005, première femme présidente d’un pays africain. Dans les années qui suivirent, Leymah a continué d’aller à l’université et a tenu des conférences partout dans le monde . En 2011 elle a gagné le prix Nobel de la paix, conjointement avec Ellen Johnson Sirleaf et l’activiste yéménite Tawakull  Karman. La même année est publiée son autobiographie « Notre Force est infinie ». Aujourd’hui, Leymah vit au Ghana avec ses 6 enfants et préside le réseau africain des femmes pour la paix et la sécurité (WIPSEN-AFRICA).

Pour finir, je te laisse avec une citation de notre chère Leymah, qui traduit bien la raison pour laquelle nous avons décidé de créer ce blog :  «Nous autres, Africaines, sommes le plus souvent marginalisées et dépeintes comme des victimes pathétiques à l’expression hagarde, aux vêtements déchirés, aux seins tombants. Telle est l’image à laquelle le monde est habitué, l’image qui se vend


 
Leymah représente à mes yeux l’exemple de ces femmes africaines dont la « force est infinie » et qui se battent tous les jours pour changer leurs conditions, améliorer la vie de leur famille, de leurs enfants, de leurs communautés et de leurs pays mais on ne parle que trop peu souvent, préférant montrer des images extrêmement misérabilistes.

J’espère que tu as aimé faire connaissance avec Leymah, va en paix et que la force de Pokou soit avec toi.


Mau

Pour aller plus loin avec Leymah
http://www.ted.com/talks/leymah_gbowee_unlock_the_intelligence_passion_greatness_of_girls.html ( conférence en anglais  sous-titrée français, à voir absolument !)

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