Mariama
Bâ,
Une si longue lettre
"Mon
cœur est en fête chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre.
Je sais mouvant le terrain des
acquis, difficile la survie des conquêtes (...)"
Sénégalaise
née à Dakar en 1929, orpheline de mère, Mariama Bâ reçoit l'éducation pieuse et
traditionnelle de ses grands parents. Quelques années plus tard, encouragée par
son père, alors ministre de la Santé, et une directrice d'école, elle suit des
études et passe le concours de l'Ecole Normale de Rufisque en 1943. Mariama Bâ
enseigne durant douze années. Mère de neuf enfants, divorcée du député Obèye
Diop puis remariée, elle s'engage dans le militantisme associatif. Luttant
contre les castes et la polygamie, elle réclame une éducation pour tous et des
droits effectifs pour les femmes. A cette fin, elle publie des articles dans la
presse locale et prononce des discours. Son premier roman, Une si longue
lettre publié en 1979, connaît un important succès tant au Sénégal qu'à
l'international. Il reçoit le prix Noma en novembre 1980 à Frankfort. Elle décède
de maladie en 1981, à la veille de la publication de son second roman, Le
chant écarlate. En deux livres, elle s'est imposée comme une voix
incontournable de la littérature africaine et est considérée comme la première
femme romancière africaine à décrire avec une telle lumière la condition
féminine de sa société.

Au sujet
du roman
Le choix
du roman:
C'est un
roman épistolaire qui lie deux personnages, deux amies d'enfance, Ramatoulaye
et Aïssatou. Ce roman constitue un témoignage qui relate avec force et sensibilité,
la place faite aux femmes dans la société sénégalaise des années 70. Au
carrefour entre les espoirs suscités par les indépendances en Afrique, et le
poids des traditions, Mariama Bâ nous offre un regard croisé sur des portraits
de femmes. L'écrivaine aborde la question du choix et du non-choix, de son prix
pour ces femmes, qu'elles choisissent la résignation ou la rupture face à la
pratique de la polygamie et des mariages de castes.
Le résumé
du roman:
Suite au
décès de son époux Modou Fall avec lequel elle a partagé 25 ans de mariage, Ramatoulaye,
institutrice entreprend la rédaction d'un long courrier destiné à son amie
d'enfance Aïssatou, traductrice auprès de l'ambassade du Sénégal aux
Etats-Unis. Durant les quarante jours de
réclusion que lui impose la religion musulmane, Ramatoulaye se replonge au
travers de ses récits emplis de tendre nostalgie, dans l'époque de leur
jeunesse commune et de leur formation d'enseignante, alors convaincues d'être destinées à la même
"mission émancipatrice"
concordant avec "les options
profondes de l'Afrique nouvelle, pour promouvoir la femme noire". Ces
espoirs pour un meilleur avenir de la condition féminine sont renforcés chez
les deux jeunes femmes par la profonde confiance qu'elles portent à l'éducation
et l'instruction comme -unique- moyen d'extraire l'individu de l'asservissement
social, politique et religieux auquel il est soumis. C'est cette même émancipation
espérée qui donne du sens au travail d'instituteur notamment par sa
contribution au "gigantesque effort
à accomplir, pour la régression de l'ignorance". Les parcours de
Ramatoulaye et Aïssatou malgré des trajectoires finalement séparées, vont être
marqués à la fois par la désillusion de l'amour perdu sous les nombreuses
pressions sociales, traditionnelles et familiales et la nécessité de lutter
pour soi et/ou pour les générations à venir contre la pratique de la polygamie.
«
Si les rêves meurent en traversant les
ans et les réalités, je garde intacts mes souvenirs, sel de ma mémoire.(…) Le
même parcours nous a conduites de l'adolescence à la maturité où le passé
féconde le présent. »
Chloé
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