La résilience est un terme utilisé pour parler des matériaux et de leurs résistance aux chocs. Nous avons ici décidé d’appliquer ce terme aux femmes africaines et à leurs capacité de lutter contre les chocs et de se relever après ceux-ci. En effet, les femmes africaines sont trop souvent dépeintes comme des marionnettes du destin, comme les premières des victimes impuissantes de la fatalité et des crises à répétition qui secouent le continent . Nous voulions ici sortir de cette image misérabiliste, très vendeuse, afin de montrer à travers des exemples concrets que la femme africaine, d’hier et d’aujourd’hui, ne s’est jamais laissée enfermer dans une situation de victime perpétuelle, a toujours lutté pour sa survie et ses droits et s’est toujours remise des chocs à répétition dont elle a pu faire l’expérience.


Pokou artiste Sister Fa

Sister Fa, chanteuse engagée dans la lutte contre les MGF



Lors de la soirée de clôture du Festival du Film Humanitaire (samedi 15 juin 2013), organisé par les étudiants du Master Action Humanitaire Internationale et ONG de l’UPEC, nous avons eu la chance de découvrir Sarabah, un excellent documentaire réalisé par Maria Luisa Gambale, Gloria Bremer et Steven Lawrence (Allemagne/Sénégal, 2011) ; le jury, présidé par Sam Karmann, a d’ailleurs partagé notre enthousiasme pour cet  émouvant documentaire puisqu’il lui a décerné son prix du jury 2013 « Espoir et Résilience ». http://www.sarabahdocumentary.com/.




Sarabah conte l’histoire de l’artiste de Hip-hop Sister Fa, engagée dans la lutte pour faire cesser les mutilations sexuelles féminines (ou génitales MGF) dans son pays natal, le Sénégal.


Nous découvrons les débuts d’une jeune femme vibrante, forte d’une volonté sans faille et d’une persévérance extraordinaire, qui lui ont permis de gagner sa place dans un pays et dans un milieu dominés par les hommes, le Hip-hop, au Sénégal.
L’artiste dévoile au fil de ce documentaire intimiste et sensible qu’elle a, enfant, été victime de mutilations sexuelles, qu’elle a subi une excision. Nous la suivons dans son parcours à la fois musical et son parcours de femme, de mère, son cheminement vers la prise de conscience que cette pratique culturelle traditionnelle, qui attente à l’intégrité physique comme psychique des femmes, persiste, au Sénégal, comme dans d’autres pays africains et en Europe.


Sister Fa décide en 2008 de quitter Berlin, où elle vit avec son mari et sa fille, pour sillonner les routes du Sénégal avec son groupe et sensibiliser les populations rurales, et notamment les femmes, pour faire cesser cette pratique par le biais de concerts et d’ateliers.

Nous la suivons, dans ce portrait d’une grande pudeur, au cours de sa tournée intitulée « Education sans excision », jusque dans son village natal Thionck Essyl , où, aidée de l’ONG Tostan Sénégal, elle parvient à obtenir lors de la réunion des femmes du village, qu’elles acceptent de mettre fin à l’excision.
Sister Fa continue aujourd’hui ses tournées de sensibilisation contre les MGF et pour la défense des droits humains, soutenue désormais par World Vision Sénégal, UNESCO, FAWE Sénégal and Artwork for Change.

Nous avons eu le plaisir de la rencontrer ce soir là, encore émue d’avoir reçu le prix du jury, et toujours aussi engagée et investie, lors du débat, dans la lutte pour les femmes et filles africaines.
« Décrivant la remarquable résilience, la passion et la créativité de cette femme qui défie les normes culturelles et  de genre grâce à sa musique et son engagement militant, Sarabah est un excellent outil pour les études de genre […]. L’histoire inspirante de Sister Fa montre les luttes complexes et allégeances d’une femme africaine, qui a migré vers l’Europe mais retourne chez elle pour faire face à son passé et susciter un nouvel avenir pour les plus vulnérables aux MGF, les jeunes filles », (témoignage posté sur le site du film documentaire).

Marion


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